vendredi 19 février 2010

Parlons sport 21 et 28 novembre 2009

Les héros sont rentrés au pays et même si les lampions ne se sont pas éteints complètement, il est temps de tirer les premiers enseignements, Abdennour Nouiri, de cette double confrontation algéro-égyptienne.

La première leçon se sont les Egyptiens qui devraient la retenir. On ne touche pas à l’amour propre d’un Fennec sans encourir son courroux. Car ce petit animal du désert, d’aspect si doux sait se transcender quand on tente d’abuser de sa bonté et de sa grandeur d’âme. Les dirigeants du football égyptien devraient faire leur mea culpa : ce n’est pas à coup de traquenard et de guet-apens que l’on développe les qualités de fair play si chères au baron de Coubertin. Apprentis sorciers, attention de ne pas vous brûler par la faute d’un feu que vous avez si imprudemment allumé. Et même si vous évitez les foudres de la FIFA, il y a toujours une justice immanente.

Le second enseignement vise la position ambiguë adoptée par la FIFA.

Oui ambiguë car sans prendre position ouvertement pour l’Egypte dans l’affaire du « caillassage » du bus de nos joueurs, la FIFA par ses tergiversations laisse planer un doute quant à sa neutralité. La moindre des choses, après l’incident grave du Caire, aurait été que l’instance suprême du football mondial ne fasse pas disputer le match à la date indiquée pour deux raisons : une, les joueurs algériens avaient été touchés dans leur chair et psychologiquement traumatisés. Rappelez-vous le renvoi du match Marseille-Paris St Germain en raison de 3 cas avérés de grippe A. Quand une équipe est diminuée l’éthique et l’équité sportive voudraient qu’on ne la jette pas dans l’arène pour qu’elle se fasse dévorer. La seconde raison qui aurait prévalu à ce report, c’est cette enquête qu’a entamé la FIFA. Pourquoi disputer une rencontre qui pouvait être annulée par la suite s’il était avéré que les dirigeants égyptiens avaient fomenté un tel traquenard ?

N’était-il pas plus judicieux de reporter ce match au 18 novembre… ?

Par exemple et dans le même temps d’accélérer cette quête de la vérité qui traîne en longueur . Il se trouve que la FIFA avec un sens aigu de l’hypocrisie n’a fait que demander par un engagement écrit à la fédération organisatrice que les mesures de sécurité prises seraient respectées. C’est comme si vous demandiez au loup de jurer sur l’honneur qu’il ne croquerait pas la brebis. D’autre part, pourquoi avoir attendu de connaître le résultat du match d’appui, pour annoncer qu’une procédure disciplinaire avait été ouverte contre les Egyptiens ? Etait-ce pour ne pas les traumatiser avant la rencontre d’Oum Dermane ? Quoiqu’il en soit le traitement fait à cette affaire par la FIFA a de quoi laisser songeur. Wait and see.

N’y aurait-il pas une autre affaire sur le bureau de la FIFA avec cette nouvelle « main de Dieu » qui a permis à la France de l’emporter face à la vaillante équipe d’Irlande ?

Je ne sais si vous vous en rappelez mais à nos joueurs on a refusé un but tout à fait valable face au Rwanda, synonyme d’un goal average de plus 3 pour notre équipe nationale dans le décompte final. A l’époque, on avait parlé d’erreur d’arbitrage. L’élimination de l’Irlande sur une tricherie de Thierry Henry a de quoi faire mal au cœur. Mais j’aimerais dire que l’arbitre suédois, contrairement à son homologue tunisien qui avait officié ce fameux Angleterre-Argentine n’a pas été traité de tous les noms d’oiseaux. Quoiqu’il en soit la qualification de la France fait les affaires de la FIFA après l’élimination d’une nation à fort potentiel de retombées financières comme la Russie par ce petit poucet slovène : business is business

Quel est le 3ème enseignement ? A-t-il un lien avec la célérité avec laquelle ont réagi les autorités algériennes pour organiser ce véritable pont aérien vers Khartoum ?

Tout juste. Il est à présent certain que c’est ce déferlement de supporters algériens dans la capitale soudanaise qui a redonné des ailes à nos Fennecs si l’on peut s’exprimer ainsi. De manière judicieuse et avec un professionnalisme avéré a été organisé un véritable pont aérien, décidé au plus haut niveau de l’Etat et qui a permis, en quelques heures, de déplacer quelque dix mille personnes pour aller soutenir nos joueurs. Cette façon de procéder avec une grande acuité et une justesse de jugement est à mettre à l’actif de tous les responsables qui ont eu à piloter cette gigantesque opération. Que ce soit les fonctionnaires de police, ceux de la protection civile, les médecins ou les éléments de l’ANP sans oublier bien sûr le personnel d’Air Algérie, tout un chacun a joué son rôle comme il se doit dans cette union sacrée. On ne doit pas oublier pour autant l’accueil du peuple soudanais et la compréhension de ses dirigeants qui ont rendu possible cette opération hors norme. En fait, dans ce match d’appui, on a gagné deux fois ! Nous surfons actuellement sur une vague et c’est le moment de profiter de cette liesse pour mettre en place les fondations d’un sport algérien qui ne connaîtra plus de soubresauts.

Un homme en particulier a retenu votre attention. Il s’agit de M. Mohamed Raouraoua.

On ne peut pas ne pas se féliciter d’avoir un homme de poigne à la tête de la fédération de football. M. Raouraoua et l’équipe dont il s’est entouré donnent de notre football une image de respectabilité que reconnaissent tous les médias étrangers qui ont eu à s’intéresser à cette double confrontation algéro-égyptienne. Mais pour autant, il ne s’en laisse pas compter : une main de fer dans un gant de velours. En manager averti, il ne laisse rien au hasard et on lui doit pour partie les bons résultats obtenus par les Fennecs.

Justement ce nom de Fennecs ne semble pas faire l’unanimité… ?

Il se trouve qu’une partie de la presse nationale a adopté le qualificatif en arabe de « guerriers du désert » pour désigner nos joueurs. Cette façon de faire ne peut en aucun cas servir les intérêts de notre pays. Nos footballeurs ne sont nullement des guerriers et le mot de Fennecs est plus approprié même si cet animal ne montre pas des tendances agressives comme pourraient l’être des léopards, des aigles ou des lions. L’essentiel, en fin de compte n’est-il pas de gagner, dans les règles de l’art ?

Tout à fait Abdennour, loin de nous l’idée d’agressivité quel que soit l’enjeu d’une rencontre. Nous ne vous retrouverons pas la semaine prochaine, pour un autre Parlons sport en raison des fêtes de l'Aïd. Alors à dans 15 jours...

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