Les deux présidents
ont-ils parlé du dérapage de Willy Sagnol ? On peut en douter. Noël Le
Graët, président de la FFF a reçu son homologue algérien et la délégation qui
l’accompagnait jeudi dernier pour « envisager la mise en place d’une
coopération dans les domaines de l’arbitrage et de la formation des entraîneurs »
comme il a été annoncé sur le site de la Fédération française de Football (l’information
ne figure pas sur celui de la FAF). On ne discute pas des choses qui
fâchent !
Rencontre FFF-FAF en présence des 2 présidents |
Et
Willy Sagnol a dû en fâcher de ce côté ci de la Méditerranée par ses propos peu
élégants (c’est le moins que l’on puisse dire) à l’endroit de Nabil Bentaleb.
Le sélectionneur des espoirs français s’est fendu d’une déclaration
« remarquable » lors de l’émission « Enquête de foot » de
la plus ancienne chaîne cryptée hexagonale. A propos de la décision du milieu
de terrain des Spurs de Tottenham d’opter pour les Fennecs, l’ancien
mondialiste de 98, a déclaré : « C’est son choix. Au
moins, à présent, on sait que dans les moments difficiles, on n’aurait jamais
pu compter sur lui. On a besoin de joueurs qui ont envie et rêvent de porter le maillot
bleu. Des joueurs qui sont excités aussi à l’idée de le porter. C’est ce qui
fait qu’à la fin, on forme une grande équipe et ce sont ces grandes équipes qui
feront rêver les gens. ».
Willy Sagnol |
L’ancien
défenseur du Bayern aurait été bien heureux d’avoir Nabil Bentaleb dans ses
rangs, mais voilà à l’image du renard (dans la sagesse populaire algérienne)
qui ne peut atteindre les raisins, il dit qu’ils sont « acides ». On
se serait attendu de la part de cet éducateur à plus de retenue dans ses
propos. Ce n’est certes pas la première fois que les sélectionneurs de jeunes
en France se mettent, de si triste manière, sur le devant de la scène. On se
souvient qu’en novembre 2010, la DTN française avait fait parler d’elle en
raison de discussions sur « les quotas de joueurs maghrébins et noirs
pouvant être sélectionnés en équipes de jeunes ». Le site Médiapart en
avait fait état quelques mois plus tard et des débats houleux s’en étaient
suivis.
Eunice Barber |
Quelques années
plus tard, il semble bien que la pilule ne soit pas passée. Les techniciens
français ont du mal à comprendre que des joueurs nés et formés en France
puissent faire le choix de leur pays d’origine, le choix du cœur. Ils
s’offusquent et parlent presque de « trahison » tout en semblant
oublier allègrement que lorsqu’ils avaient sélectionné en 1999 la
pentathlonienne Eunice Barber, elle arrivait à peine de la Sierra Leone, son
pays de naissance et ne possédait que quelques bribes de la langue de Molière.
Pour que les
raisins ne se transforment pas réellement, comme dans le roman de John
Steinbeck, en fruits de la colère, chacun devrait raison garder, surtout
lorsque des sujets aussi sensibles sont abordés.