dimanche 6 septembre 2020

COA: les raisons de la non validation d'une candidature

     Ainsi donc M. Raouf Bernaoui ne fera pas partie des prétendants pour l'élection au poste de président du Comité Olympique et Sportif Algérien (COA). Le président intérimaire du COA, M. Mohamed Méridja, en avait fait l'annonce dès le 03 septembre au terme de la réunion de son comité exécutif. Les raisons du rejet de cette candidature seront détaillées dans un communiqué du COA publié 2 jours plus tard et signé par M. Méridja lui-même.

    On y lit que M. Bernaoui a d'une part été exclu du comité exécutif pour ses absences répétées (et il avait été procédé à son remplacement) et de ce fait aussi de l'AG du COA, et que d'autre part, il ne peut représenter la fédération d'escrime (FAE) tout simplement parce qu'il ne pouvait revenir à la tête de cette fédération suite à la mise de fin de fonction le concernant en tant que ministre de la jeunesse et des sports.

    Ici, il y a lieu de faire un retour en arrière! Quand il avait été nommé ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement de M. Bédoui, M. Bernaoui avait demandé à ce qu'un intérimaire soit désigné par sa fédération pour le poste de président qu'il occupait. 

    Avant de poursuivre, il semble évident qu'un ministre de la jeunesse et des sports ne peut être membre et encore moins président d'une fédération placée sous son contrôle: on ne peut être juge et partie! Cela est bien explicité dans les textes qui régissent le sport et notamment la loi 13-05 du 13 juillet 2013 et son article 62.

    Cela étant dit la question pertinente est la suivante: "La fédération d'escrime avait-elle le droit de nommer un président intérimaire?"  

    La réponse est contenue dans le statut-type des fédérations nationales et notamment son article 17 qui stipule clairement que: " Sauf motif dûment justifié, et en cas de démission ou de vacance du poste de président de la fédération sportive nationale, le bureau fédéral doit se réunir en session extraordinaire dans les 15 jours qui suivent  pour constater la vacance et désigner un président par intérim parmi les vice-présidents, par ordre de préséance, chargé de gérer transitoirement les affaires de la fédération. Le président par intérim doit convoquer dans un délai maximum de 60 jours une assemblée générale extraordinaire à l'effet d'élire un nouveau président de la fédération, pour la durée restante du mandat, dans les conditions fixées par les règlements en vigueur, et ce après saisine du ministre chargé des sports"

    Ainsi donc la FAE a été hors la loi depuis que cet intérim a été prolongé et sans qu'un nouveau président ne soit élu pour remplacer M. Bernaoui. Personne alors ne s'en était offusqué et cette fédération a continué de fonctionner ainsi jusqu'au retour à son poste de président de M. Bernaoui, retour acté par un PV de l'assemblée générale ordinaire de cette fédération.

    Ceux qui suivent l'actualité politique française sont habitués à voir un ministre reprendre son poste de maire dont l'intérim avait été confié à son premier adjoint et ce dès qu'est prononcée sa fin de fonction en tant que ministre. De là à s'inspirer de cette jurisprudence française pour détourner une loi algérienne et instaurer un intérim qui aura duré du 1er avril 2019 au 2 janvier 2020 soit 8 mois pleins est une véritable hérésie.

    La FAE est donc exclue, toujours d'après le communiqué du COA, de l'Assemblée Générale du COA en attendant qu'elle se mette en règle avec les règlements qui régissent les fédérations nationales et le COA. Donc on est bien parti pour assister, bientôt, à une Assemblée élective au sein de la fédération d'escrime ce qui lui permettra de reprendre sa place légitime au sein du COA.

    D'ici là, M. Bernaoui aura beau jeu de crier à qui veut bien l'entendre qu'il est "victime d'une cabale" pour l'empêcher de briguer le poste de président du COA. Toutefois, il devrait se réjouir de l'interdiction qui lui a été signifiée car cela va lui éviter une humiliation s'il s'était présenté au vote de l'AG du COA.

    Pensez-vous un instant que ses pairs l'auraient porté à leur tête lui qui a déclaré sans sourciller alors qu'il était ministre que c'est "grâce à sa baraka que les footballeurs algériens avaient gagné la CAN, leur unique but étant tombé miraculeusement du ciel".

    M. Bernaoui aurait-il la mémoire courte au point d'avoir oublié comment il a nommé et dans la foulée dégommé un Directeur de la Jeunesse et des Sports à Tizi Ouzou sous le fallacieux prétexte que ce DJS était en même temps président de la fédération de lute. Dans le même temps, d'autres DJS, dans une situation identique, avaient été maintenus  à leurs postes.

    La ou le futur(e)  président(e) du COA qui achèvera le mandat de M. Berraf (qui va courir jusqu'à l'année qui suit les JO de Tokyo, d'après les statuts du COA) se doit de ramener la sérénité dans les rangs du mouvement sportif algérien qui a connu trop de remous tout au long de ces dernières années.



mardi 1 septembre 2020

Tapis rouge pour une réélection


 J'ai arrêté d'écrire cette chronique depuis 6 ans presque jour pour jour. 

Ce qui m'a incité à la reprendre, c'est l'indigence des commentaires sportifs dans la presse algérienne. Je reprends donc ce blog pour permettre aux sportifs, qui n'ont pas d’œillères et qui ne font pas preuve de chauvinisme, d'avoir un autre son de cloche, un autre point de point de vue, un décryptage aussi neutre que peut le permettre un travail journalistique bien pensé et loin de toute tutelle.

Et la neutralité en sport (comme d'ailleurs dans tous les domaines d'information), c'est le fonds qui manque... le plus! 

Depuis deux jours, un certain commentateur, sur une certaine chaîne de radio est en train de "chauffer la derbouka" pour les élections à la tête de la FAF qui n'auront lieu ... qu'en mars prochain. Hier il a descendu en flèche un éventuel candidat issu des rangs de la FAF en disant de lui qu'il n'a pas d'expérience ET DANS LE MÊME TEMPS, il encense l'actuel président de la FAF qui, soit dit en passant, n'avait aucune expérience lorsqu'il a été "projeté" à la tête de cette fédération. Et voilà que notre commentateur récidive aujourd'hui en précisant que si Zetchi avait annoncé qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession, c'est parce qu'il avait été soumis à des critiques et que rien n'empêche qu'il puisse revenir sur sa décision. "Pour pouvoir continuer son oeuvre"...

Ben voyons! On n'est pas dupes!

Une certaine presse va donc dérouler le tapis rouge à l'actuel président pour qu'il se porte candidat en mars. Ce stratagème du "je me retire mais je reviens à la demande de la vox populi" n'est pas nouveau en sport. Il a été adopté avec succès par un certain président de la JSK qui au moindre accroc annonçait sa démission pour revenir dessus quelque temps plus tard.

Vous êtes donc avertis: la campagne pour le siège de président de la FAF a été officiellement lancée et Zetchi sans grande surprise sera candidat!

Ah ce Zetchi dont certains laudateurs vont encenser le bilan!

Ils vous diront "c'est lui qui a lancé les centres de formation", "c'est lui qui a lancé la DNCG à l'algérienne qui interdira de recrutement les clubs défaillants sur le plan financier"... Ah oui c'est ça son bilan? Avoir ré-orienté les fonds pour la construction d'un hôtel "made in" FAF vers des centres de formation qui sont encore loin d'être opérationnels...?

Ben non, il y a le nouveau système de compétition, vous diront ces laudateurs intéressés...

Parlons-en de ce système qui bien avant d'être "transformé" par la pandémie était déjà une fausse bonne idée. 

Porter de 16 à 18 le nombre de clubs de ligue Pro dans un championnat aussi faible, c'est faire preuve de courte vue. Depuis des années, le titre ne se joue qu'entre 5 ou 6 clubs, augmenter l'effectif de deux autres clubs, c'est augmenter le nombre des formations qui vont lutter pour le maintien, un point c'est tout!

Accroître le nombre de clubs, c'est multiplier le nombre de formations qui souffriront de problèmes financiers car les déplacements seront plus fréquents et donc plus onéreux.

Rajoutons dans le bilan de ce "chef d'entreprise" réputé pour savoir "manager", l'attentisme flagrant dans la gestion de la crise Corona Virus. Cet attentisme puis la façon dont "la patate chaude" a été refilée à l'Assemblée Générale de la FAF pour qu'elle se prononce ou non sur l'arrêt de la compétition prouve bien que les principes du management n'ont pas été respectés. On ne tergiverse pas devant une situation de crise, on réagit et surtout on ne se replie pas derrière les autres quand une décision difficile doit être prise.

Et rebelote pour la formule de championnat pour la prochaine saison. 

On se retranche derrière "une sorte d'AG des clubs de ligue Pro" qui a finalement pris la plus mauvaise des décisions pour le football algérien. Chaque président de club voyant midi à sa porte, la majorité a rejeté la formule des deux groupes de 10 pour se lancer dans une folle aventure d'une ligue Pro (puisqu'on ne parlera plus de ligue 1 avec la disparition de la ligue 2) à ... 20 clubs! Alors que c'était insensé de porter ce nombre à 18, voilà que c'est suicidaire! 

Pire qu'une aventure, c'est de l'aventurisme!

Comment jouer 38 journées en débutant le championnat à la mi-novembre? "rabi ya3mal8a tawil" (Dieu s'en chargera)! 

Il est IMPOSSIBLE de ne pas déborder sur la prochaine saison quand on sait que certains matches vont être reportés pour de multiples raisons (météo et autres...), qu'il faudra tenir compte des dates FIFA, qu'il faudra caser les matches de coupe d'Algérie, que certains clubs vont jouer des compétitions africaines ou arabes et j'en passe!

Deux matches par semaine? Impensable avec les effectifs actuels des clubs (seuls 2/3 des joueurs sont utilisés au mieux) , la difficulté de se mouvoir d'une région à une autre, la faiblesse du nombre d'hôtels dans certaines régions, la difficulté de faire jouer certains matches en nocturne en raison de l'absence de projecteurs dans certains stades, le peu de stades disponibles dans certaines villes (par exemple le CRB et le NAHD utilisent tous deux le stade du 20 août), les moyens de récupération pratiquement inexistants et sans oublier les effets de la longue période d'inactivité due à la pandémie qui va entraîner moult blessures.

Donc contrairement à ce qui a été annoncé par le président de la LFP (Ligue pro), le championnat ne se terminera pas à fin juin (n'oublions pas la période de Ramadhan pendant laquelle il sera très difficile de jouer en plein soleil là où l'équipement en projecteurs est inexistant)! Vous verrez que les matches se poursuivront en pleine période estivale. Bonjour les effets dévastateurs sur la santé des joueurs.

Donc faisons le pari que les élections du mois de mars pour la présidence de la FAF, malgré tous les "cadeaux" faits aux clubs pro, se dérouleront dans un climat délétère car les choses auront empiré d'ici là!

Alors si une campagne de presse pour la ré-élection de Zetchi est en préparation, ce n'est qu'un secret de Polichinelle!

Messieurs "les grands penseurs" n'essayez pas de nous faire avaler des couleuvres, nous qui savons fort bien qu'il y a anguille sous roche! Ce n'est pas à de vieux singes qu'on apprendra à faire la grimace! 

anouiri@gmail.com