mercredi 2 avril 2014

In memoriam

Durant ces derniers jours, la profession journalistique a perdu deux des siens, de ceux qu’ont surnommerait les bâtisseurs de la presse algérienne telle qu’on la connait aujourd’hui.
Mohand Said Ziad
Mohamed Said Ziad et Abderrezak Mébarki ont fourbi leurs premières armes dans la presse sportive même si le premier nommé s’en est notablement détaché. Ziad débute à l’âge de 16 ans comme correspondant de La dépêche quotidienne-champion pour la ville de Tizi Ouzou qui comptait deux clubs, l’Olympique et l’actuelle JSK. Après un passage par Alger puis par Paris, il s’engage dès 1964 à plein temps dans la presse radiodiffusée et écrite. Il animera notamment des chroniques au sein d’Algérie Actualité avant de prendre sa retraite en 1994.

Abderrezak Mébarki (accroupi 3ème à partir de la gauche)
dans l'équipe de la presse en 1974
Abderrezak Mébarki, lui n’a connu que la presse sportive. Aux côtés des Abdallah Benyekhlef, Rachid Graba, Hachemi Hantaz, Tarik et Cherif Zerouala il fit les beaux jours de la chaîne 3 dans les années 60/70. Je l’ai connu pour ma part en 1982 quand je fis mes premiers pas au sein de cette radio d’expression française aimée et chérie par de nombreux auditeurs, d’ici et de l’autre côté de la mer. Mébarki a été aussi entraineur de football du club des « Galeries » tout en étant chef de Daira. Je garderai de lui cette face toujours souriante et ses commentaires de matches très colorés ainsi que sa verve légendaire.

Alors pour leur rendre hommage, ces quelques remarques (qu’ils auraient pu faire eux-mêmes) sur la presse sportive actuelle.
Un journal, une école
Dans les années 70, quand nous fûmes recrutés, jeunes étudiants, au sein de la rédaction sportive d’El Moudjahid, c’était pour notre maîtrise de la langue et notre connaissance du sport. Mais le journalisme, c’est sur le tas que mes collègues et moi-même l’avons appris. Pour les trois jeunots que nous étions, il y avait une bonne dizaine de journalistes chevronnés, qui avaient roulé leur bosse comme on disait, qui nous ont entouré de leurs ailes protectrices. Malgré le fait de travailler pour un journal (après l’arabisation d’En Nasr et de la République) unique représentant de la presse francophone, la rigueur était de mise : nos aînés nous avaient appris à prendre de la hauteur par rapport à l’information, de rester mesurés et surtout de vérifier nos sources par un nécessaire recoupement de cette information.
La formation est délaissée

La prolifération de titres à l’orée de la décennie 90 n’a pas permis aux jeunes recrues de se retrouver aussi bien encadrés que nous l’avions été. Les dérives sont nombreuses et je les mettrais souvent sur le compte d’un manque d’expérience, d’une absence de formation et d’une faiblesse dans l’encadrement par des journalistes chevronnés. Cela pourrait trouver une solution durable avec la formation continue, le budget mis à cet effet par le ministère de la communication est conséquent et les journalistes prêts à donner de leurs personnes pour assurer cette formation existent (encore) : il faut en profiter !



Faouzi Mahjoub
PS : Après avoir écrit cette chronique (parue dans El Moudjahid), j’ai appris la disparition du journaliste tunisien Mahjoub Faouzi. J’ai eu l’honneur de le rencontrer lors des 3èmes Jeux africains d’Alger en 1978. Nous avons collaboré un temps à une revue sportive africaine éditée à Paris. Je garde de lui le souvenir d’un grand professionnel. De 1988 à 2004, il a été conseiller de presse au sein de la Confédération Africaine de football. Cette chronique est à lui aussi dédiée.

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