Durant ces derniers
jours, la profession journalistique a perdu deux des siens, de ceux qu’ont
surnommerait les bâtisseurs de la presse algérienne telle qu’on la connait
aujourd’hui.
Mohand Said Ziad |
Mohamed Said Ziad et
Abderrezak Mébarki ont fourbi leurs premières armes dans la presse sportive
même si le premier nommé s’en est notablement détaché. Ziad débute à l’âge de
16 ans comme correspondant de La dépêche
quotidienne-champion pour la ville de Tizi Ouzou qui comptait deux clubs, l’Olympique
et l’actuelle JSK. Après un passage par Alger puis par Paris, il s’engage dès
1964 à plein temps dans la presse radiodiffusée et écrite. Il animera notamment
des chroniques au sein d’Algérie Actualité avant de prendre sa retraite en
1994.
Abderrezak Mébarki (accroupi 3ème à partir de la gauche) dans l'équipe de la presse en 1974 |
Abderrezak Mébarki, lui
n’a connu que la presse sportive. Aux côtés des Abdallah Benyekhlef, Rachid Graba,
Hachemi Hantaz, Tarik et Cherif Zerouala il fit les beaux jours de la chaîne 3
dans les années 60/70. Je l’ai connu pour ma part en 1982 quand je fis mes
premiers pas au sein de cette radio d’expression française aimée et chérie par
de nombreux auditeurs, d’ici et de l’autre côté de la mer. Mébarki a été aussi
entraineur de football du club des « Galeries » tout en étant chef de
Daira. Je garderai de lui cette face toujours souriante et ses commentaires de
matches très colorés ainsi que sa verve légendaire.
Alors pour leur rendre
hommage, ces quelques remarques (qu’ils auraient pu faire eux-mêmes) sur la presse
sportive actuelle.
Un journal, une école |
Dans les années 70,
quand nous fûmes recrutés, jeunes étudiants, au sein de la rédaction sportive d’El
Moudjahid, c’était pour notre maîtrise de la langue et notre connaissance du
sport. Mais le journalisme, c’est sur le tas que mes collègues et moi-même l’avons
appris. Pour les trois jeunots que nous étions, il y avait une bonne dizaine de
journalistes chevronnés, qui avaient roulé leur bosse comme on disait, qui nous
ont entouré de leurs ailes protectrices. Malgré le fait de travailler pour un
journal (après l’arabisation d’En Nasr et de la République) unique représentant
de la presse francophone, la rigueur était de mise : nos aînés nous
avaient appris à prendre de la hauteur par rapport à l’information, de rester
mesurés et surtout de vérifier nos sources par un nécessaire recoupement de
cette information.
La formation est délaissée |
La prolifération de
titres à l’orée de la décennie 90 n’a pas permis aux jeunes recrues de se
retrouver aussi bien encadrés que nous l’avions été. Les dérives sont
nombreuses et je les mettrais souvent sur le compte d’un manque d’expérience, d’une
absence de formation et d’une faiblesse dans l’encadrement par des journalistes
chevronnés. Cela pourrait trouver une solution durable avec la formation
continue, le budget mis à cet effet par le ministère de la communication est
conséquent et les journalistes prêts à donner de leurs personnes pour assurer
cette formation existent (encore) : il faut en profiter !
Faouzi Mahjoub |
PS : Après avoir écrit cette chronique (parue
dans El Moudjahid), j’ai appris la disparition du journaliste tunisien Mahjoub
Faouzi. J’ai eu l’honneur de le rencontrer lors des 3èmes Jeux africains d’Alger
en 1978. Nous avons collaboré un temps à une revue sportive africaine éditée à
Paris. Je garde de lui le souvenir d’un grand professionnel. De 1988 à 2004, il
a été conseiller de presse au sein de la Confédération Africaine de football. Cette
chronique est à lui aussi dédiée.
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