lundi 12 février 2024

Mais tais-toi donc !

Moi, on m’a toujours appris que si « la parole est d’argent, le silence est d’or ». « Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ». C’est dire que la parole dite précipitamment, parfois dans un accès de colère, peut causer beaucoup de dégâts et vous revenir comme un boomerang. Allez une petite fable avant de continuer ! Un jour, le lion, roi de la forêt, rencontre un bûcheron. Le croquer ? Ah la belle affaire ! Le seigneur des animaux s’émeut de voir cet homme chétif transporter ce gros fagot de bois et lui dit : « Vas, je ne te mangerai point ». Une fois revenu au village le bûcheron raconta à qui voulait l’entendre que le lion lui avait laissé la vie sauve mais qu’il avait une mauvaise haleine. Cette remarque fit le tour du village et arriva aux oreilles du Roi Lion. Un autre jour, le bûcheron tombe de nouveau nez à nez avec l’impressionnant fauve. Le lion lui dit : « prends ta hache et donne-moi un coup sur le front sinon je te mange ». L’homme, tremblant de tout son corps s’exécute, le lion ensanglanté lui tourne alors le dos et s’enfonce dans la forêt profonde. Bien des années plus tard, les villageois continuaient de parler de la mauvaise haleine du lion qui s’était rétabli de sa blessure. Une troisième fois le bûcheron tombe sur le lion qui lui dit : « tu vois, ma blessure a guéri, mais les mots durs que tu as dits contre moi continuent de me faire mal » et il l’avala d’une bouchée. La morale de cette histoire, c’est que les mots font plus mal que les coups ! Un clic, une claque Atal aurait dû y penser ! Youcef était promis à un bel avenir ! Transfuge du Paradou, il avait gagné ses galons à l’OGCNice et était devenu indiscutable au poste d’arrière droit chez les Fennecs. Ses déboulés faisaient la joie des puristes et plus d’une fois il avait inscrit des buts au Gym et chez les Verts après des actions individuelles, genre « j’y vais en commando ». Malgré ses blessures récurrentes, Atal avait de beaux jours devant lui au sein du club de la célèbre « Promenade des Anglais ». Mais voilà, sans trop y réfléchir, cinq jours après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre et le début des bombardements d’Israël sur Gaza, il avait relayé, sur son compte Instagram, la vidéo d’un prédicateur, Mahmoud Al Hasanat. Ce dernier appelait Dieu à envoyer « un jour noir sur les juifs » et à « accompagner la main » des habitants de Gaza s’ils « jettent la pierre ». Et c’est là que Youcef a failli ! Il assimile les juifs aux Israéliens et dans la loi française cela devient de l’antisémitisme, du racisme, voire un appel au terrorisme. Youcef Atal, bien que vivant en France, n’avait pas assimilé cette règle fondamentale : pas d’insultes envers quiconque en raison de sa religion, de sa nationalité, de son orientation sexuelle etc.
Quand on ne sait pas, on se tait ! Cela lui a valu une levée de boucliers de tous les bien-pensants. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il l’avait bien cherché. Quand on est un personnage public et que son compte Instagram dépasse les 3,2 millions d’abonnés, on ne se comporte pas comme si on était un simple footballeur de seconde zone de « Bir Kekchoz » qui veut frimer devant les gosses de son quartier. Je n’ai pas voulu réagir, en tant que journaliste-universitaire-blogueur avant que l’affaire ne soit jugée. Aujourd’hui que la sanction est tombée et la tension retombée, je conseillerais à Youcef Atal (et à tous les footballeurs qui seraient dans le même cas que lui) de s’adjoindre un conseiller en communication ou bien de demander l’avis d’un avocat-conseil. Les conséquences de cette « affaire » sont importantes, presque dramatiques pour ce jeune pétri de talent : tous les projecteurs « bleus blancs rouges » ont été braqués sur ce footballeur de 27 ans et cela en pleine crise mondiale au Proche-Orient. Il n’avait que faire d’une telle publicité ! Certes, il a présenté ses excuses le lendemain même de la publication mais le mal était déjà fait. Mesure-t-il qu’en relayant ce message haineux envers les juifs, il s’en appropriait la teneur ? Aurait-il accepté qu’un autre footballeur de l’Hexagone traite les musulmans de terroristes en appelant Dieu à jeter sur leurs têtes toutes les « plaies » du monde ou retweete seulement un tel message de haine ? J’en viens à la question fondamentale de la formation. Il est de toute évidence que ce jeune homme, très talentueux, n’avait pas été préparé à s’intégrer dans un monde différent du sien au moment où il quittait le Paradou (PAC) pour rejoindre Nice en 2018. On aurait aimé que parallèlement aux instructeurs de foot, il ait été encadré, au sein du PAC, par des éducateurs chevronnés, psychologues, professeurs d’université ou avocats, qui l’auraient préparé à sa vie « d’après ». Il avait à peine 20 ans quand il a été propulsé dans ce monde du football professionnel. Au même âge des parents m’ont confié qu’ils n’avaient pas voulu que leur enfant aille étudier en France car le jugeant beaucoup trop jeune pour se débrouiller seul. Et que dire quand, en plus du manque de maturité, l’argent coule à flots ! Atal va payer cher ce manque de discernement. En plus des 7 matchs de suspension infligés par la Ligue Française du Football Professionnel, la justice l’a condamné à 45 000 Euros d’amende assortis de huit mois de prison avec sursis. Cela fait beaucoup pour un simple clic ! La vice-procureure a déclaré que « ce sont des faits graves, qu’il ne faut pas banaliser. Partager une vidéo, c’est s’attribuer les propos et leur donner une visibilité ». Atal et les autres joueurs de football retiendront-ils la leçon ? Loin de moi l’idée d’affirmer que quand on est un sportif on doit la boucler. Tout comme un artiste, un footballeur a LE DROIT DE DEFENDRE DES CAUSES, le tout est de ne pas piétiner le droit. Et voilà qu’arrive la CAN 2023 en ce mois de janvier 2024. Atal se tait et il a bien raison, sa titularisation face à l’Angola ne restera pas dans les mémoires. Les 7 matches de suspension auront pesé lourd. Mais si lui s’est tu, un entraîneur algérien de la Tanzanie a défrayé la chronique. Et une youtubeuse , fervente supportrice des Fennecs, aussi. Finalement le premier s’est fait débarquer en pleine CAN tandis que la seconde était expulsée « manu militari de Côte d’Ivoire. Pour Attal, finalement les choses semblent rentrer dans l’ordre avec son recrutement à la fin du mercato hivernal par le club de l’Adana Demirspor : mais attention de ne pas se prendre pour un nouvel « Attal turc » !

dimanche 6 septembre 2020

COA: les raisons de la non validation d'une candidature

     Ainsi donc M. Raouf Bernaoui ne fera pas partie des prétendants pour l'élection au poste de président du Comité Olympique et Sportif Algérien (COA). Le président intérimaire du COA, M. Mohamed Méridja, en avait fait l'annonce dès le 03 septembre au terme de la réunion de son comité exécutif. Les raisons du rejet de cette candidature seront détaillées dans un communiqué du COA publié 2 jours plus tard et signé par M. Méridja lui-même.

    On y lit que M. Bernaoui a d'une part été exclu du comité exécutif pour ses absences répétées (et il avait été procédé à son remplacement) et de ce fait aussi de l'AG du COA, et que d'autre part, il ne peut représenter la fédération d'escrime (FAE) tout simplement parce qu'il ne pouvait revenir à la tête de cette fédération suite à la mise de fin de fonction le concernant en tant que ministre de la jeunesse et des sports.

    Ici, il y a lieu de faire un retour en arrière! Quand il avait été nommé ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement de M. Bédoui, M. Bernaoui avait demandé à ce qu'un intérimaire soit désigné par sa fédération pour le poste de président qu'il occupait. 

    Avant de poursuivre, il semble évident qu'un ministre de la jeunesse et des sports ne peut être membre et encore moins président d'une fédération placée sous son contrôle: on ne peut être juge et partie! Cela est bien explicité dans les textes qui régissent le sport et notamment la loi 13-05 du 13 juillet 2013 et son article 62.

    Cela étant dit la question pertinente est la suivante: "La fédération d'escrime avait-elle le droit de nommer un président intérimaire?"  

    La réponse est contenue dans le statut-type des fédérations nationales et notamment son article 17 qui stipule clairement que: " Sauf motif dûment justifié, et en cas de démission ou de vacance du poste de président de la fédération sportive nationale, le bureau fédéral doit se réunir en session extraordinaire dans les 15 jours qui suivent  pour constater la vacance et désigner un président par intérim parmi les vice-présidents, par ordre de préséance, chargé de gérer transitoirement les affaires de la fédération. Le président par intérim doit convoquer dans un délai maximum de 60 jours une assemblée générale extraordinaire à l'effet d'élire un nouveau président de la fédération, pour la durée restante du mandat, dans les conditions fixées par les règlements en vigueur, et ce après saisine du ministre chargé des sports"

    Ainsi donc la FAE a été hors la loi depuis que cet intérim a été prolongé et sans qu'un nouveau président ne soit élu pour remplacer M. Bernaoui. Personne alors ne s'en était offusqué et cette fédération a continué de fonctionner ainsi jusqu'au retour à son poste de président de M. Bernaoui, retour acté par un PV de l'assemblée générale ordinaire de cette fédération.

    Ceux qui suivent l'actualité politique française sont habitués à voir un ministre reprendre son poste de maire dont l'intérim avait été confié à son premier adjoint et ce dès qu'est prononcée sa fin de fonction en tant que ministre. De là à s'inspirer de cette jurisprudence française pour détourner une loi algérienne et instaurer un intérim qui aura duré du 1er avril 2019 au 2 janvier 2020 soit 8 mois pleins est une véritable hérésie.

    La FAE est donc exclue, toujours d'après le communiqué du COA, de l'Assemblée Générale du COA en attendant qu'elle se mette en règle avec les règlements qui régissent les fédérations nationales et le COA. Donc on est bien parti pour assister, bientôt, à une Assemblée élective au sein de la fédération d'escrime ce qui lui permettra de reprendre sa place légitime au sein du COA.

    D'ici là, M. Bernaoui aura beau jeu de crier à qui veut bien l'entendre qu'il est "victime d'une cabale" pour l'empêcher de briguer le poste de président du COA. Toutefois, il devrait se réjouir de l'interdiction qui lui a été signifiée car cela va lui éviter une humiliation s'il s'était présenté au vote de l'AG du COA.

    Pensez-vous un instant que ses pairs l'auraient porté à leur tête lui qui a déclaré sans sourciller alors qu'il était ministre que c'est "grâce à sa baraka que les footballeurs algériens avaient gagné la CAN, leur unique but étant tombé miraculeusement du ciel".

    M. Bernaoui aurait-il la mémoire courte au point d'avoir oublié comment il a nommé et dans la foulée dégommé un Directeur de la Jeunesse et des Sports à Tizi Ouzou sous le fallacieux prétexte que ce DJS était en même temps président de la fédération de lute. Dans le même temps, d'autres DJS, dans une situation identique, avaient été maintenus  à leurs postes.

    La ou le futur(e)  président(e) du COA qui achèvera le mandat de M. Berraf (qui va courir jusqu'à l'année qui suit les JO de Tokyo, d'après les statuts du COA) se doit de ramener la sérénité dans les rangs du mouvement sportif algérien qui a connu trop de remous tout au long de ces dernières années.



mardi 1 septembre 2020

Tapis rouge pour une réélection


 J'ai arrêté d'écrire cette chronique depuis 6 ans presque jour pour jour. 

Ce qui m'a incité à la reprendre, c'est l'indigence des commentaires sportifs dans la presse algérienne. Je reprends donc ce blog pour permettre aux sportifs, qui n'ont pas d’œillères et qui ne font pas preuve de chauvinisme, d'avoir un autre son de cloche, un autre point de point de vue, un décryptage aussi neutre que peut le permettre un travail journalistique bien pensé et loin de toute tutelle.

Et la neutralité en sport (comme d'ailleurs dans tous les domaines d'information), c'est le fonds qui manque... le plus! 

Depuis deux jours, un certain commentateur, sur une certaine chaîne de radio est en train de "chauffer la derbouka" pour les élections à la tête de la FAF qui n'auront lieu ... qu'en mars prochain. Hier il a descendu en flèche un éventuel candidat issu des rangs de la FAF en disant de lui qu'il n'a pas d'expérience ET DANS LE MÊME TEMPS, il encense l'actuel président de la FAF qui, soit dit en passant, n'avait aucune expérience lorsqu'il a été "projeté" à la tête de cette fédération. Et voilà que notre commentateur récidive aujourd'hui en précisant que si Zetchi avait annoncé qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession, c'est parce qu'il avait été soumis à des critiques et que rien n'empêche qu'il puisse revenir sur sa décision. "Pour pouvoir continuer son oeuvre"...

Ben voyons! On n'est pas dupes!

Une certaine presse va donc dérouler le tapis rouge à l'actuel président pour qu'il se porte candidat en mars. Ce stratagème du "je me retire mais je reviens à la demande de la vox populi" n'est pas nouveau en sport. Il a été adopté avec succès par un certain président de la JSK qui au moindre accroc annonçait sa démission pour revenir dessus quelque temps plus tard.

Vous êtes donc avertis: la campagne pour le siège de président de la FAF a été officiellement lancée et Zetchi sans grande surprise sera candidat!

Ah ce Zetchi dont certains laudateurs vont encenser le bilan!

Ils vous diront "c'est lui qui a lancé les centres de formation", "c'est lui qui a lancé la DNCG à l'algérienne qui interdira de recrutement les clubs défaillants sur le plan financier"... Ah oui c'est ça son bilan? Avoir ré-orienté les fonds pour la construction d'un hôtel "made in" FAF vers des centres de formation qui sont encore loin d'être opérationnels...?

Ben non, il y a le nouveau système de compétition, vous diront ces laudateurs intéressés...

Parlons-en de ce système qui bien avant d'être "transformé" par la pandémie était déjà une fausse bonne idée. 

Porter de 16 à 18 le nombre de clubs de ligue Pro dans un championnat aussi faible, c'est faire preuve de courte vue. Depuis des années, le titre ne se joue qu'entre 5 ou 6 clubs, augmenter l'effectif de deux autres clubs, c'est augmenter le nombre des formations qui vont lutter pour le maintien, un point c'est tout!

Accroître le nombre de clubs, c'est multiplier le nombre de formations qui souffriront de problèmes financiers car les déplacements seront plus fréquents et donc plus onéreux.

Rajoutons dans le bilan de ce "chef d'entreprise" réputé pour savoir "manager", l'attentisme flagrant dans la gestion de la crise Corona Virus. Cet attentisme puis la façon dont "la patate chaude" a été refilée à l'Assemblée Générale de la FAF pour qu'elle se prononce ou non sur l'arrêt de la compétition prouve bien que les principes du management n'ont pas été respectés. On ne tergiverse pas devant une situation de crise, on réagit et surtout on ne se replie pas derrière les autres quand une décision difficile doit être prise.

Et rebelote pour la formule de championnat pour la prochaine saison. 

On se retranche derrière "une sorte d'AG des clubs de ligue Pro" qui a finalement pris la plus mauvaise des décisions pour le football algérien. Chaque président de club voyant midi à sa porte, la majorité a rejeté la formule des deux groupes de 10 pour se lancer dans une folle aventure d'une ligue Pro (puisqu'on ne parlera plus de ligue 1 avec la disparition de la ligue 2) à ... 20 clubs! Alors que c'était insensé de porter ce nombre à 18, voilà que c'est suicidaire! 

Pire qu'une aventure, c'est de l'aventurisme!

Comment jouer 38 journées en débutant le championnat à la mi-novembre? "rabi ya3mal8a tawil" (Dieu s'en chargera)! 

Il est IMPOSSIBLE de ne pas déborder sur la prochaine saison quand on sait que certains matches vont être reportés pour de multiples raisons (météo et autres...), qu'il faudra tenir compte des dates FIFA, qu'il faudra caser les matches de coupe d'Algérie, que certains clubs vont jouer des compétitions africaines ou arabes et j'en passe!

Deux matches par semaine? Impensable avec les effectifs actuels des clubs (seuls 2/3 des joueurs sont utilisés au mieux) , la difficulté de se mouvoir d'une région à une autre, la faiblesse du nombre d'hôtels dans certaines régions, la difficulté de faire jouer certains matches en nocturne en raison de l'absence de projecteurs dans certains stades, le peu de stades disponibles dans certaines villes (par exemple le CRB et le NAHD utilisent tous deux le stade du 20 août), les moyens de récupération pratiquement inexistants et sans oublier les effets de la longue période d'inactivité due à la pandémie qui va entraîner moult blessures.

Donc contrairement à ce qui a été annoncé par le président de la LFP (Ligue pro), le championnat ne se terminera pas à fin juin (n'oublions pas la période de Ramadhan pendant laquelle il sera très difficile de jouer en plein soleil là où l'équipement en projecteurs est inexistant)! Vous verrez que les matches se poursuivront en pleine période estivale. Bonjour les effets dévastateurs sur la santé des joueurs.

Donc faisons le pari que les élections du mois de mars pour la présidence de la FAF, malgré tous les "cadeaux" faits aux clubs pro, se dérouleront dans un climat délétère car les choses auront empiré d'ici là!

Alors si une campagne de presse pour la ré-élection de Zetchi est en préparation, ce n'est qu'un secret de Polichinelle!

Messieurs "les grands penseurs" n'essayez pas de nous faire avaler des couleuvres, nous qui savons fort bien qu'il y a anguille sous roche! Ce n'est pas à de vieux singes qu'on apprendra à faire la grimace! 

anouiri@gmail.com

jeudi 4 septembre 2014

Des paroles et des actes


Nous nous étions quittés sur la qualification euphorique des Fennecs au second tour du Mondial brésilien. Nous surfions alors sur le sommet de la vague. Nous nous retrouvons au creux de cette même vague avec une nouvelle fois les projecteurs de tout ce que compte la planète foot braqués sur notre pays. La mort tragique d’Albert Ebossé nous a remis les pieds sur terre plus vite que ne l’auraient faits des résultats en dents de scie de nos Fennecs version Gourcuff.

Beaucoup a été écrit sur ce meurtre ! Au vu de la nationalité de l’attaquant de la JSK, la presse internationale en a fait ses choux gras. Si un joueur algérien, peu connu, évoluant hors des divisions de l’élite, avait été « descendu » dans les mêmes conditions, il n’aurait peut-être pas « bénéficié » de la même couverture médiatique. Il faut dire que l’affectif s’est très vite mêlé au factuel. On a tout su de la vie d’Albert Ebossé, sa mère a parlé, sa fiancée aussi, ses coéquipiers, l’âme en peine, ont témoigné… Mais pas seulement eux ! De hauts responsables se sont aussi exprimés autour de ce drame et pas toujours dans la direction où on aurait pu les attendre.

Ainsi un membre du comité d’administration sur une radio française et le président de la JSK sur une télé privée algérienne se sont-ils aventurés à pointer du doigt l’arbitre de la rencontre JSK-USMA lui imputant directement la responsabilité des jets de pierres. Mieux (ou pire devrions-nous écrire), ces deux dirigeants ne trouvent pas mieux que d’avancer une thèse pour le moins farfelue : « le joueur se serait trop donné sur le terrain et il aurait été victime d’un malaise cardiaque ». Drôle de manière de communiquer après un décès aussi tragique.

Le communiqué du procureur de Tizi Ouzou est venu mettre le holà à cette dérive en parlant de l’utilisation « d’un objet contondant et tranchant ». Là aussi, la communication prête à interrogation : contondant signifiant « qui écrase mais ne coupe pas et ne perce pas (à l’image d’un marteau, d’un maillet, d’une masse ou d’un pilon) ». Un objet peut-il être les deux à la fois surtout que le communiqué parle « d’hémorragie interne » ? Dans les jours qui viennent, le rapport de la commission d’enquête initiée par le ministère de l’Intérieur devrait apporter plus de précision.

D’autres responsables ont eux aussi parlé et les ministres des Sports et de la Communication ont tôt fait de recadrer les débats. Intervenant par le biais de différents médias, ces deux hauts responsables ont dit et réaffirmé la détermination des pouvoirs publics de mettre fin à cette situation de laxisme. Le discours est fort d’autant qu’un conseil interministériel s’est saisi de l’affaire de  la violence dans les stades.

« Laxisme » avez-vous dit ? Le mot est lâché ! Depuis des décennies, la violence, telle une hydre rampante, fait des dégâts sur nos stades. En trois ou quatre décennies le profil du spectateur d’une rencontre s’est considérablement transformé. Le père de famille accompagné de ses jeunes enfants des années 70 a laissé place, aujourd’hui, à ceux que certains sociologues ont qualifiés de jeunes sans repère mis au ban de la société. « Les mauvaises herbes chassent les bonnes ».

Des paroles nous en avons entendues et même de la bouche des présidents de la FAF et de la LFP mais voilà le championnat va reprendre droit de cité et la mort d’Ebossé risque de nous rappeler ce film où jouait Yves Montand « le hasard et la violence ». Ebossé se serait trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, certains diront « Mektoub » d’autres « fatalité ». Les actes mettront du temps à être visibles. Certains sont de l’ordre du matériel : refus d’homologation de certains stades, installation de caméras de surveillance, ouverture de TOUTES les portes d’entrée dans un stade, utilisation de stadiers issus de sociétés spécialisées dans la sécurité et la surveillance (et non pas des supporteurs formés à la va-vite), établissement d’un fichier national des fauteurs de troubles, renforcement du barème des sanctions. D’autres mesures mettront du temps à porter leurs fruits mais elles sont nécessaires car elles vérifient cet adage « il vaut mieux prévenir que guérir ». Parmi elles des cours dans les écoles sur les valeurs du sport doivent être initiés, le Comité Olympique et son président en tête en ont fait leur cheval de bataille. Une charte prônant la défense de ces mêmes valeurs devrait être signée par tous les organes d’information tant certains se sont laissés aller à des dérives avec l’utilisation de termes guerriers là où la lutte contre la violence aurait été plus de circonstance. La formation de ces mêmes journalistes s’impose car actuellement après la multiplication des titres de la presse écrite, on assiste à un foisonnement de chaines de télévisions privées en attendant leurs consœurs de la radio. Le professionnalisme n’est pas toujours au rendez-vous !


On dit souvent : « à toute chose malheur est bon » ! Pour que nous puissions avancer tous ensemble sur cette voie de la lutte contre la violence dans les stades (similaire en tous points à celle qui sévit sur nos routes), il ne faudrait pas que les paroles ne soient pas suivies d’actes. Un observatoire indépendant (qui rendrait son rapport annuel au premier ministre) s’impose dans ce domaine car les décisions, aussi salutaires soient-elles, doivent être mises en œuvre et leur suivi connu de tous si l’on ne veut pas qu’un jour ou l’autre ne se répète ce drame de la perte d’une vie humaine dans une arène sportive. 

vendredi 4 juillet 2014

Pars et ne te retourne pas

J’ai hésité longtemps avant d’écrire cette chronique.
Dire que dans ma tête, je lui ai souvent changé de titre, c’est peu dire ! Jusqu’au dernier moment, j’ai voulu l’intituler « Pars et reviens-nous vite » ce qui est loin de correspondre à mon humeur actuelle. Il faut dire que j’ai été ballotté, ces derniers jours, entre deux sentiments contradictoires : laisser partir Coach Vahid ET le retenir.
Halilhodzic a déjà marqué l'histoire du football algérien
Comme tout le monde (ou presque) j’ai signé toutes les pétitions qui ont circulé sur le Web et demandant le maintien du Bosnien à la tête des Fennecs. Sur Facebook  j’ai suivi la course folle du compteur. Au moment où j’écris, il a largement dépassé le cap des 100 000 « Like ». J’ai regardé amusé la vidéo qui s’intitulait  « HalilouRiyah » (mais encore « reste, stay », pour le cas où Vahid ne le comprendrait pas en arabe).  Et puis sur le site d’Avaaz, j’ai suivi le déroulement des noms des signataires et de leurs pays de résidence: du monde entier, des supporteurs des Verts demandaient à Raouraoua, au peuple algérien et à ses dirigeants de laisser le Bosnien à la barre.

Le président Bouteflika a entendu ce cri du cœur, lui, qui, en recevant les Fennecs, et en privé le sélectionneur national et le  président de la FAF, a ajouté sa voix à celle de plusieurs dizaines de milliers d’Algériens.

En conduisant, j’ai suivi sur mon autoradio l’arrivée des Fennecs à l’aéroport et dès mon retour chez moi, je me suis précipité sur ma télé pour ne rien rater du défilé des « héros en vert » à travers les rues de la capitale.
Bain de foule pour des héros en vert
Euphorique, je me disais que cet entraîneur qui avait donné tant de joie à tout un peuple, ne pouvait décidément pas partir comme cela, nous laissant orphelin d’un coach qui avait su réaliser nos rêves les plus fous.
Oui mais… Juste après je me souvenais de toutes les crasses que les gens de la FAF lui avaient faites avec la complicité de certains journalistes (minables relais d’hommes de l’ombre que la réussite du Bosnien gênait au plus haut point).
Gourcuff le remplaçant?
Alors je me remémorais cette visite de Gourcuff pendant le stage de l’équipe nationale et qui pouvait être ressentie comme une gifle par le sélectionneur national, lui qui n’en avait pas été prévenu à l’avance. Oui dans le rayon « on va t’en faire baver », certains des responsables de notre football en connaissent un bout ! Et me revenait en mémoire ce dicton : « l’oasis obéit à la loi du désert ». La bonne tenue des nôtres à ce mondial brésilien ne changera pas grand-chose à l’environnement dans lequel baigne notre équipe nationale.
Alors le cœur ou la raison ?

samedi 28 juin 2014

Halilhodzic Vahid son billet

Ainsi les Fennecs l’ont fait !
Cette qualification au second tour du Mondial a été saluée par toute la planète foot comme un véritable exploit. Même ceux qui ne sont pas soupçonnés d’être des pro Algériens se sont fendus de commentaires élogieux comme le fantasque Eric Zemmour
Quand Zemmour se fait affectueux
qui se dit ravi de cette qualification . Bon, bien sûr, Marine Le Pen n’y a vu que les débordements qu’a connus l’Hexagone suite au coup de sifflet final de cet Algérie-Russie. On ne peut décidément pas contenter tout le monde.
Notre presse peut bien faire dans le fantasmagorique avec des titres frisant le « Vertigineux » comme celui de Compétition, on n’oubliera pas de sitôt que, pour certains journaux ou télés, elle a tiré à boulets rouges sur le timonier de cette équipe des Verts. Ah combien de commentaires chargés de fiel ont dû être remisés pour cause de qualification. Coach Vahid leur a joué un bien mauvais tour à tous ces ténébreux de la plume qui étaient partis en croisade contre le Bosnien.

Souvenons-nous de la période qui a suivi la qualification des Fennecs au Mondial et tout ce qu’elle a charrié comme élucubrations : Trapatoni va remplacer Halilhodzic, Gourcuff (qui avait fait une visite éclair à Alger) prêt à prendre la place de Coach Vahid pour le Mondial et tutti quanti. Le tir de barrage va continuer au Brésil même. Certains journaleux ne trouvent pas mieux que de semer la zizanie en descendant en flamme le Bosnien présenté comme le grand Satan, celui qui veut la perte des Fennecs … parce qu’il ignore la presse algérienne. Musset avait dit à propos d’une pièce de Molière : « Lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer ! », certainement que cette phrase devrait s’appliquer aux « chikayates » de ces messieurs de la plume.

Photo sur Twitter


Nous avions titré une précédente chronique  « L’union sacrée », si les supporteurs l’ont réalisée, les journalistes, eux, sont restés en marge, allant même jusqu’à créer de prétendus problèmes au sein de l’équipe d’El Khadra contraignant le capitaine Bougherra à prendre une photo avec Ghoulam et Mesbah pour couper court aux ragots.



Face à tout ce 

En pleurs dans les bras d'un Fennec

charivari, Halilhodzic a tenu bon et il a gagné son pari. Les fans des Verts ne s’y sont pas trompés, eux qui demandent le maintien de celui qu’ils surnomment affectueusement « Halilou » en lançant un groupe sur Facebook avec comme photo de couverture un Vahid en pleurs dans les bras d’un Fennec.

Lors d’une conférence de presse, il y a plus d’une année de cela, j’avais entendu le sélectionneur algérien apostropher un journaliste par ces mots : « moi j’aime équipe d’Algérie, pas vous ! ». L’homme est un sensible, avec, on peut l’affirmer sans risque de se tromper, une sensibilité qui frise la sensiblerie ; il est fier, il n’aime pas que tout le monde ne soit pas en ordre de marche ; c’est un général qui a mené ses troupes vers la victoire.


L’Algérie lui en sera à jamais reconnaissante !

dimanche 22 juin 2014

Des dribbles de légende

Le football est souvent fait d’histoires merveilleuses, profondément
Le livre d'Olivier Guez
 humaines.
Tenez, cette inclination, presque naturelle, qu’ont les Brésiliens pour le dribble « mouvement de hanche, similaire à celui des danseurs de Samba et des lutteurs de Capoeira, ludique, acrobatique, marque des plus grands solistes. »
Vous avez dit « inclination naturelle » ? Les Brésiliens auraient donc le sens du dribble
dans le sang ? Que non ! Ils l’ont développé, à l’orée du 20ème siècle, tout d’abord pour sauver leur peau. Souvenons-nous des débuts du football en terre brésilienne. C’est un sport réservé aux Blancs. Si l’esclavage a bien été aboli en 1888, la société brésilienne demeure fortement ségrégationniste comme nous le dit Olivier Guez dans son livre paru ce mois-ci et intitulé « L’éloge de l’esquive ». Pour se prémunir et éviter les coups (rarement sanctionnés par les arbitres d’alors), les premiers mulâtres (ils se mettaient de la poudre de riz sur le visage pour paraître plus blancs ou de la brillantine sur les cheveux pour les rendre plus lisses) vont développer cet « art » d’autodéfense fait de déhanchements spectaculaires.
Garrincha, "le roitelet"

Un de leurs héritiers sera le célèbre Garrincha. Avec une jambe plus longue que l’autre de 6 cm, il n’avait à priori aucune espérance de faire carrière dans le foot. Pourtant la chance va lui sourire lors d’un essai avec le Botafogo (il fit un petit pont à l’international Nilton Santos qui insista pour qu’il soit recruté). La suite on la connaît : 3 participations à des coupes du monde dont deux victoires finales en Suède et au Chili. Le journaliste et écrivain brésilien, Nelson Rodrigues, lui donna le surnom de « Charlie Chaplin du football ۛ» tout simplement parce qu’il voulait amuser les foules sur un terrain.
Sa fin de vie fut pourtant bien malheureuse, il mourut pauvre et seul (il fut le papa de 15 enfants).  On écrivit sur sa tombe : « Ci-gît en paix celui qui faisait la joie du peuple - Mané Garrincha ».
En Algérie, nous avons eu, nous aussi, nos dribbleurs de légende, Djillali Selmi, surnommé « le petit Brésilien » pour ne citer que celui ci.
Selmi (2ème à D accroupi) fit les beaux jour du grand CRB
Aujourd’hui, on a l’impression que les Neymar ne courent plus les rues. Le football s’est « européanisé » enlevant au jeu cette touche d’humanité que prodiguaient les fins dribbleurs. Même si comme l’écrit Olivier Guez, ces dribbleurs étaient « les Malandros du football ». Le Malandro ? C’est « un mauvais garçon aux origines incertaines, qui mène grand train et contourne les règles, qui dribble les aléas de la vie plutôt que de s'y plier ».

La FIFA et son argent ne font plus rêver, le Malandro si !