dimanche 23 février 2014

Médaille rouge sang


6,16m telle est la barre franchie, le 15 février dernier, par Renaud Lavillenie qui établissait ainsi un nouveau record du monde du saut à la perche. Le Français venait de réussir un véritable exploit, à Donetsk, sous les yeux de Sergei Bubka, détenteur depuis 21 ans de ce mythique record en salle. L’Ukrainien fut le premier à féliciter le Français. Pas de rancune ni de jalousie entre les grands champions : la planète sport fit une ovation à celui qui désormais planait « au septième ciel » ! 
Renaud Lavillénie et Sergei Bubka
Pourtant Lavillenie va se blesser à la cheville, quelques instants plus tard, en essayant de franchir une barre à 6,21m : chez nous, on aurait dit qu’il avait été victime du mauvais œil. Dès le lundi, on voit le Français, avec béquilles, sur tous les plateaux télé des principales chaines hexagonales. Normal, me diriez-vous, il faut bien fêter les héros ! Pourtant Lavillenie va en choquer plus d’un par une phrase anodine, prononcée sur une chaine cryptée,  en réponse à une question sur la teneur de sa blessure : « (…) je n’allais quand même pas me faire recoudre dans un hôpital ukrainien… ». Et voilà que Lavillenie prend de haut le service médical du pays hôte de son exploit. Je n’aurais peut être pas prêté plus d’attention à cette vilénie si au même moment, en Ukraine, les hôpitaux ne regorgeaient de blessés.
Barricades à Kiev
Plus d’une centaine de morts ont été dénombrés ces derniers jours dans Kiev, la capitale ukrainienne, et ses environs : nous sommes loin de la trêve olympique ! 
Devant ce véritable massacre (l’armée tirant à balles réelles sur des insurgés retranchés derrière des barricades), nombre de sportifs ukrainiens, présents aux JO de Sotchi, ont préféré retourner chez eux sans concourir. Que faire d’une médaille tachée de sang ! (rappelons nous cette fameuse phrase de nos aînés désertant les bancs des universités françaises le 19 mai 1956 : « Ferons-nous de meilleurs cadavres avec nos diplômes ? »)
Sergei Bubka, devenu président du Comité Olympique de son pays, a déclaré comprendre le geste de ses sportifs. Une fois de plus, la politique a rattrapé des Jeux Olympiques !
Pendant que certains pleurent leurs morts, d’autres festoient et crient « Cocorico » parce que le podium du skicross est totalement tricolore. Mais quand on est quatre sur la ligne de départ et que le quatrième, un Canadien, fait une chute, on devrait se montrer plus modeste. 
Le trio français de skicross

N’est-ce pas un Français qui avait écrit : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ? Au passage, je rappelle que l’Algérie avait déjà réussi à placer trois sportifs sur le même podium, c’était aux Jeux Paralympiques de Londres de 2012.
Sotchi s’achève bientôt en mi figue mi raisin pour le président russe. Poutine n’aura pas réussi son rêve de voir son pays triompher en hockey et enfin remporter un titre qui fuit les Russes depuis 1992 à Albertville. Les Finlandais sont en effet passés par là en quart de finale…
C’est difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre !
Les Finlandais ont eu raison des Russes


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