
Après ce petit détour lexicographique, venons-en à
ce qui me préoccupe. L’Algérie vient de perdre une immense icône, une « légende » comme ont titré bien des
journaux algériens et français. Mustapha Zitouni nous a quittés dans sa 86ème
année et il a été enterré à Nice où il résidait depuis de nombreuses années.
Mais qui était-il ? Mustapha commence sa carrière de footballeur à Saint
Eugène (aujourd’hui Bologhine), un quartier situé à l’ouest de la baie d’Alger.
Puis il va en France et joue à Cannes avant de rejoindre Monaco et d’être
sélectionné au sein des Tricolores pour disputer la coupe du monde de 1958 en
Suède. Mais voilà, quelques mois avant que la France ne décroche la 3ème
place après une défaite face au Brésil, Mustapha Zitouni disparait dans la
nature. Nous sommes en avril et l’information de la désertion de dix joueurs
d’origine algérienne fait le tour des rédactions. Mustapha n’écoutant que son
cœur rejoint l’équipe du Front de Libération Nationale qui se bat pour
l’indépendance de l’Algérie. Aux côtés des Mekhloufi, Soukhane et autre Bentifour,
il fera sa propre coupe du monde avec cette équipe du FLN, véritable équipe
nationale d’Algérie même si la FIFA ne l’a jamais reconnue comme telle. A 80
reprises, il endosse ce maillot de l’Algérie combattante. A une grande carrière
internationale, il préfère le combat militant. Le Monde dira de lui après son décès : « Sollicité par le Real Madrid à
l'époque de son départ clandestin, il reste aussi celui qui aurait pu être le
successeur de Robert Jonquet, de trois ans son aîné, au cœur de la défense
centrale française lors de la Coupe du monde 1958».
A l’indépendance, ce talentueux défenseur retourne
dans son pays et il portera les couleurs des Verts à trois reprises avec deux
victoires, l’une face à l'ex-Tchécoslovaquie (par 4 à 0), et l’autre devant la
RF Allemagne (2-0) et un nul (2 à 2) devant l'ex-URSS du légendaire gardien de
but Lev Yachine .
J’ai personnellement apprécié son talent quand son
club, le RCKouba, rencontrait celui que je chérissais, le Chabab Riadhi de Belcourt,
quartier où je suis né (aujourd’hui Bélouizdad).
Voilà donc quelqu’un que l’on peut qualifier de
patriote tant il a aimé son pays !
Et qu’a fait son pays pour lui rendre hommage ?
Rien !
Pas même une minute de silence, comme l’a souligné
fort justement El Watan dans son édition du 13/01/14. Et pourtant l’occasion
était belle ! La finale de la super coupe opposant le champion en titre, l’Entente
de Sétif, au détenteur du trophée, l’USMAlger. Le match se disputait à Blida,
le stade qui avait vu les Fennecs se qualifier pour la phase finale de la coupe
du monde et il était retransmis en direct par plusieurs télévisions d’État. Et
de minute de silence à la mémoire de ce grand homme, il n’y en eut point !
El Watan écrit que "c’est honteux" de la part des responsables de la fédération et de la
Ligue professionnelle. Je ne peux que le rejoindre dans cette dénonciation de
ce qui, à mes yeux, est un acte anti patriotique !
Décidément après la bourde suite à une communication
hasardeuse sur le contrat de Halilhodzic (voir ma précédente chronique ; la
FAF a dû publier par la suite un communiqué réaffirmant que le coach bosnien
conduirait les Fennecs pendant le Mondial), voici que la FAF s’illustre d’une
bien triste manière.
La reprise du championnat est pour bientôt, on
attend cette fameuse « minute de silence » à la mémoire de ce héros et
ce sur tous les stades d’Algérie. Ce ne serait que réparer une faute grave…
Et si rien ne se passe… ?
Alors …
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