Le football est souvent
fait d’histoires merveilleuses, profondément
humaines.
Le livre d'Olivier Guez |
Tenez, cette
inclination, presque naturelle, qu’ont les Brésiliens pour le dribble « mouvement de hanche, similaire à celui des
danseurs de Samba et des lutteurs de Capoeira, ludique, acrobatique, marque des
plus grands solistes. »
Vous avez dit « inclination naturelle » ? Les Brésiliens
auraient donc le sens du dribble
dans le sang ? Que non ! Ils l’ont
développé, à l’orée du 20ème siècle, tout d’abord pour sauver leur
peau. Souvenons-nous des débuts du football en terre brésilienne. C’est un
sport réservé aux Blancs. Si l’esclavage a bien été aboli en 1888, la société
brésilienne demeure fortement ségrégationniste comme nous le dit Olivier Guez
dans son livre paru ce mois-ci et intitulé « L’éloge de l’esquive ». Pour
se prémunir et éviter les coups (rarement sanctionnés par les arbitres d’alors),
les premiers mulâtres (ils se mettaient de la poudre de riz sur le visage pour
paraître plus blancs ou de la brillantine sur les cheveux pour les rendre plus
lisses) vont développer cet « art » d’autodéfense fait de
déhanchements spectaculaires.
Garrincha, "le roitelet" |
Un de leurs héritiers sera le célèbre Garrincha. Avec une jambe plus
longue que l’autre de 6 cm, il n’avait à priori aucune espérance de faire
carrière dans le foot. Pourtant la chance va lui sourire lors d’un essai avec
le Botafogo (il fit un petit pont à l’international Nilton Santos qui insista
pour qu’il soit recruté). La suite on la connaît : 3 participations à des
coupes du monde dont deux victoires finales en Suède et au Chili. Le
journaliste et écrivain brésilien, Nelson Rodrigues, lui donna le surnom de
« Charlie Chaplin du football ۛ» tout simplement parce qu’il voulait
amuser les foules sur un terrain.
Sa fin de vie fut pourtant bien malheureuse, il mourut pauvre et seul
(il fut le papa de 15 enfants). On écrivit sur sa tombe :
« Ci-gît en paix celui qui faisait la joie du peuple - Mané
Garrincha ».
En Algérie, nous avons eu, nous aussi, nos dribbleurs de légende, Djillali
Selmi, surnommé « le petit Brésilien » pour ne citer que celui ci.
Selmi (2ème à D accroupi) fit les beaux jour du grand CRB |
Aujourd’hui, on a l’impression que les Neymar ne courent plus les rues.
Le football s’est « européanisé » enlevant au jeu cette touche
d’humanité que prodiguaient les fins dribbleurs. Même si comme l’écrit Olivier Guez, ces dribbleurs étaient « les Malandros du football ». Le
Malandro ? C’est « un mauvais
garçon aux origines incertaines, qui mène grand train et contourne les règles,
qui dribble les aléas de la vie plutôt que de s'y plier ».
La FIFA et son argent ne font plus
rêver, le Malandro si !
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